Versant psychique de la grossesse
« De la globalité de la naissance »
« LE VERSANT PSYCHIQUE DE LA GROSSESSE »
(D.O. oct. 2000)
« Quelle inquiétante étrangeté quand les mères chancellent … » FREUD
Dans cette étude il faut préciser que la clientèle (4500 cas) appartient à toutes les couches sociales. Ces femmes dites « normales » (puisqu’elles ne sont ni en état de précarité ni en décompensation névrotique ou psychotique) ont une demande : bien accoucher et (ou) bien faire pour l’enfant. Elles sont donc très souvent volontaires pour un travail sur elles de prise de conscience, avec comme outil de support les techniques sophroniques (cf.: la Préparation Globale).
Une première expérience de psychomotricienne m’avait fait constater la fréquence des naissances difficiles chez les enfants justement en difficulté.
En reprenant mes études pour devenir Sage-
De nombreuses publications internationales explorent actuellement les corrélations existant entre ce qui s’est passé au moment de la naissance et ce qui se passe plus ou moins longtemps après. Par exemple :
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Dolto disait qu’il fallait trois générations pour qu’une psychose s’installe. L’enjeu est donc bien plus important qu’on ne pense.
Pour mieux comprendre cela, il faut nous pencher sur le phénomène complexe de la maternité.
La fréquentation des psychanalystes et des chercheurs, l’expérimentation directe en préparation à la Naissance et en salle d’accouchement, m’ont permis pendant quinze ans de rendre plus efficace mon travail de prévention.
L’étude de la sophrologie médicale (notamment les structures et niveaux de conscience) a été déterminante par les connaissances et les outils apportés.
Enfin, les thérapies après un accouchement traumatique, l’écoute de centaines de femmes, jointe à une démarche psychanalytique, m’ont permis de comprendre ce qui se passe dans l’inconscient d’une femme qui devient mère, et comment la qualité d’une naissance peut agir sur le comportement maternel et la santé physique et psychique de l’enfant.
LA GROSSESSE PSYCHIQUE
1) Définition : les mécanismes en cause
Dans cette hypothèse de travail la grossesse physique devient la partie visible d’un phénomène complexe dont le moteur serait au départ « psychique ».
C’est en fait une véritable crise de mutation profonde que va vivre pendant neuf mois la future mère, pour élaborer en elle-
Ce travail n’est donc pas l’exclusivité des primipares ! En effet on n’attend pas psychiquement un premier enfant comme on attend un second, selon son propre rang dans la fratrie (frères et soeurs). Pour se construire en tant que parent la future mère va utiliser tous ses « patterns » (modèles éducationnels) : l’exemple de sa mère, celui de son père et celui de leur relation particulière à chacun de leurs enfants : c’est cela qu’a enregistré son inconscient de petite fille.
Mais l’enfant a une position inconsciente face à ses parents : il adhère à leurs comportements ou il s’oppose. Ce qui fait que la future mère aura à la fois une position consciente et inconsciente face à cet apprentissage : elle va reproduire, s’opposer, réparer, innover ou…. se chercher.
Ce travail psychique est induit par une remontée de l’inconscient dans le conscient. Cet état de « transparence psychique », nommé par Winicott (2) « préoccupation maternelle primaire » va perdurer 3 à 4 mois après l’accouchement, d’après mes observations. Les souvenirs d’enfance émergent, les conflits aussi : c’est une période marquée par l’ambivalence des sentiments (je veux et je ne veux plus être mère) très culpabilisante, et une instabilité émotionnelle propre à tout état de crise et renforcée ici par l’imprégnation hormonale…
Ce travail de construction intérieure à partir des modèles parentaux a fait dire à Monique Bydlowski (3), médecin et psychanalyste « l’enfant devient alors enfant de leur propre enfance ». Elle parle de « regard intérieur » quand elle évoque l’attitude des femmes enceintes c’est à dire leur aptitude à rêver et à imaginer.
La psychanalyste c. Bergeret-
Ayons simplement en mémoire les dépressions du post partum et la redoutable psychose puerpérale qui mettent en évidence la profonde implication psychique (et pas seulement « affective, émotionnelle ») de l’accouchement. Le baby blues banalisé, médicalisé parle déjà en lui-
2) L’inconscient et ses interactions
L’inconscient est ce que nous avons oublié ou « refoulé » (car trop douloureux). C’est donc un contenu absent dans le conscient, mais qui va agir comme un élément pulsionnel… Pour en simplifier la compréhension, nous utilisons en sophrologie médicale, le schéma de Jung (6) celui-

DÉTAIL DU SCHÉMA
Moi = la personnalité.
Persona = l’image et comportement social de l’individu.
Conscient collectif = mode de fonctionnement de la société (actuellement c’est la peur autour de la maternité).
Sc = seuil de censure qui sépare le conscient de l’inconscient.
Subconscient = l’histoire personnelle de la vie intra-
Inconscient Personnel = positionnement inconscient face à un événement.
Inconscient Familial = histoire de la famille.
La particularité du travail psychique de la grossesse est la perméabilité du seuil de censure (transparence psychique). Les premières couches font irruption dans le conscient, provoquant une déstabilisation du Moi, voire même un morcellement…
Dans ce schéma, Jung définit les trois premières couches, comme individuelles (l’histoire de l’individu lui même) par opposition aux trois dernières qui sont collectives (inconscient ethnique, collectif et biologique). Cependant ces derniers vont interagir ne serait ce que par l’influence culturelle et ethnique…
Il est à noter que l’effet d’une sophronisation est l’abaissement du seuil de censure par les états modifiés de conscience, ce qui amène le sujet à identifier ses mécanismes comportementaux, notamment ses pulsions en situation de stress, donc à mieux les gérer… C’est une démarche volontaire, ponctuelle qui, par la répétition, conduit à l’autonomie…
Cette similitude dans les variations de niveau de conscience fait de la sophrologie un outil approprié à la grossesse, car il permet notamment de rendre conscients les phénomènes inconscients, donc il contribue à la « résolution » de la crise (5).
La crise en elle même (et les effets de la transparence)
Pour la primipare c’est un grand passage psychique : fille de ses parents elle doit devenir parent de son enfant. Plus le passage se fait tôt dans la vie et plus il est facile. Il suit un processus « logique » de transformation débutant à la crise d’adolescence : c’est une continuité. C’est la raison pour laquelle les très jeunes femmes sont connues pour leurs accouchements faciles.
L’accès à l’état « adulte » aux responsabilités professionnelles ne donne pas la même insouciance… Cependant certaines futures mères vont vivre leur transformation « à bas bruit », apparemment sans grand bouleversement : peut-
Monique Bydlowski parle de « dette de vie »: cette mission impossible (mais indispensable à la bascule des générations) à laquelle l’inconscient de la future mère va se trouver confronté :
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L’identification à la mère explique en partie les corrélations existant entre la naissance d’une petite fille et la façon dont elle accouchera plus tard : c’est la fidélité inconsciente.
Les conflits mère/fille sont fréquents. Ils sont une réactivation de l’enfance (mères filles conflictuelles) ou une tentative de désidentification (mères/filles fusionnelles) : « j’ai besoin de mettre de la distance entre ma mère et moi… et elle ne l’accepte pas ! »… disait récemment une patiente.
Le « devenir Mère » étant en place on comprend mieux pourquoi les seconds accouchements sont plus faciles en général. C’est en observant les accouchements rapides des secondes ayant été césarisées en premier, que j’ai pris conscience que le passage n’était pas que somatique. Mais parmi les raisons qui font qu’une mère peut accoucher plus difficilement de son second que de son premier enfant, on peut trouver des liens avec la place qu’elle occupait dans sa fratrie ; c’est là où les multipares continuent à être interpellées sur le plan psychique : par exemple une seconde « mal aimée » par rapport à ses frères et soeurs peut avoir de la difficulté, adulte, à vivre sa grossesse et à accoucher de son second surtout si c’est une fille : on appelle, cela une peur « transférentielle ».
Attendre un enfant ramène toujours à la mère qui est la référence première. Attendre une fille peut ramener l’inconscient aux interactions avec les filles de la famille. Attendre un garçon interpelle en plus la relation au père et au frère.
Mais l’inconscient est aussi fait de celui des grands-
Dans la transparence psychique il y a confusion entre les événements présents et passés. Éclairer les futurs pères sur le fonctionnement psychique de la grossesse me semble important. Une de mes patientes me disait récemment :
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Ou encore :
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Pour conclure cette approche de la grossesse, j’ai observé une particularité dans le fonctionnement psychique de la future mère : elle associe la croissance du fœtus et l’évolution de la grossesse à sa capacité à être mère. « Votre bébé ne grossit pas assez » est source d’angoisse maxima car interprété ainsi : « je ne le nourris pas assez, je suis donc pas capable d’être mère ».
Toute parole en consultation est interprétée sur ce mode par l’inconscient, on comprend mieux pourquoi la surveillance actuelle axée sur la pathologie et de dépistage de la malformation peut être pathogène pour le psychisme maternel, car elle remet en question, par les doutes qu’elle soulève, tout le travail d’élaboration intérieure spontanée du devenir mère, nécessaire pour l’accès à la fonction maternelle. En effet tout le questionnement de la préoccupation maternelle primaire pendant la grossesse et après l’accouchement est le suivant : « suis-
3) Le travail psychique en question
Comment la future mère va-
Cela va dépendre de son positionnement inconscient de petite-
Pour illustrer la discontinuité, j’évoquerai le cas difficile des enfants battus, qui ne battront pas forcément leurs enfants : c’est le phénomène de résilience. Certains auteurs ont observé 28 à 42% d’échappement à la répétition. (9)
De même on pourrait penser que plus l’enfance est douloureuse, plus la grossesse psychique est difficile. C’est à peu près cela… Pourtant nous verrons certaines femmes vivre des grossesses épanouies et des accouchements faciles et d’autres traverser une véritable « crise » et somatiser. Insomnies, prise de poids excessive, H.T.A, M.A.P sont autant de troubles, de plus en plus associés à des conflits d’ordre psychologiques.
Certains auteurs commencent même à parler d’une « approche psychosomatique globale de la dynamique gravidique »… (10) Il est à noter cependant que les femmes aux « patterns » douloureux vivant des grossesses faciles, sont pourtant à risque psychique important, surtout en cas d’accouchement traumatique, comme nous le verrons dans l’article sur l’accouchement. Au sujet de la « réparation », il peut y avoir répétition apparente dans la similitude des fratries (passée et présente) c’est relativement fréquent et très anxiogène quand l’histoire a été difficile… Il n’est pas impossible qu’il n’y ait là une tentative de « réparation »: « je fabrique le même scénario en changeant les personnages et leur mode relationnel : du coup je répare mon enfance » (cas clinique N°l), c’est très déstabilisant pendant la grossesse et il est nécessaire de l’identifier.
Plus dangereux peut être le phénomène de « réparation/opposition », s’il n’est pas « travaillé ». Je pense surtout à la jeune future mère qui va fuir dans « l’idéal », pour être bien sûre de ne pas reproduire, ses patterns disfonctionnels. Le risque est l’accouchement difficile, la brutale confrontation au réel et le rejet de l’enfant « associé » alors par l’inconscient à la violence du passé (cf étude N°3 de l’introduction et cas clinique N°l dans l’article sur l’accouchement). Dans le phénomène de rejet ou d’abandon, il faut entendre aussi « abandon psychique » (celui ci ne se voit pas pour l’oeil non averti) la jeune mère peut continuer à donner des soins de nursing.
C’est là où quel que soit le positionnement, le rôle de la mère (mère réelle ou transférentielle, parfois une grand-
« Pour avoir été si forte, et vouloir si bien faire pour l’enfant, c’est que malgré vos épreuves, votre mère vous a aimée quand vous étiez bébé » m’arrive t-
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Les premières utilisent les patterns de « leur famille d’adoption ». Les modalités de la grossesse psychique sont les mêmes : le risque cependant est l’émergence brutale du « souvenir d’abandon ». Les repères « mère biologique » et « mère psychique » qui étaye les aident à se positionner. Mais « l’abandon » est un sujet trop grave, trop diamétralement opposé à l’étayage, pour qu’on puisse envisager l’aborder en quelques phrases. Tout dépend aussi de l’âge d’adoption… Les femmes qui adoptent un enfant vont vivre une vraie grossesse psychique, malheureusement non reconnue, avec si cela n’a pas été fait, le deuil de l’enfant biologique à faire. Elles devraient être aidées, car ce sont elles qui vont donner « l’étayage psychique » à l’enfant abandonné, devenu leur enfant.
La répétition des « patterns » jugés fonctionnels est de loin la plus confortable. C’est ce qui crée les habitudes familiales, de génération en génération. Le regroupement autour de la future mère de ses mères et grands-
Aussi, que dire de notre société en crise ? L’éclatement tant géographique que structural des familles (divorces, familles recomposées) créant inquiétude et isolement, la désinformation, la surveillance médicale invasive, sont autant de facteurs de stress pour la jeune mère, dans la déstabilisation du passage psychique de la maternalité…
Nous venons d’évoquer quelques modalités de choix psychique en fonction des « patterns », nous allons aborder maintenant un aspect fondamental du « Devenir Mère ». L’état fusionnel ou « de complétude » qui va naître de la similitude avec l’état initial (in utéro), où nous sommes « contenus » (fœtus) dans un contenant (la mère).
L’état harmonieux du sujet adulte est de se vivre séparé, « manquant » de l’autre sexe ; l’état de régression est la recherche d’un contenant… Hier contenu, aujourd’hui contenant, l’état fusionnel est le même pour l’inconscient de la femme enceinte, d’autant plus nous l’avons vu, que le passé fait éruption dans le présent.
La difficile mission maternelle sera d’accepter le détachement :
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Toute femme enceinte porte à la fois la complétude et la séparation. Dans le questionnement : suis-
4) Les constantes de la grossesse psychique
a) L’état de régression : fusion/confusion entre le « MOI-
b) L’état d’angoisse face à la bascule des générations : la mère devient grand-
c) La difficulté à passer de l’insouciance de l’enfance à la maturité du parent (cf le questionnement). Les commentaires positifs de la surveillance médicale peuvent alors aider, encourager : « votre bébé grossit bien » (traduit par l’inconscient « Donc je suis capable »).
d) Les rêves : très révélateurs du travail psychique
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Fréquent, ce dernier rêve inquiète car il active la peur archaïque de l’enfant anormal. Si le premier rêve peut être pris au premier degré (il évoque bien le questionnement inconscient) les deux autres sont symboliques : il faut traduire enfant par « attachement » c’est lui qui n’est pas là, ou pas complet, car c’est l’enfant qui fait la mère : c’est ce qui est symbolisé là.
e) Les peurs :
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* peur de mourir physiquement (on mourrait encore en couches il y a deux générations) et psychiquement (c’est le passage)
* peur d’éclater physiquement (distension douloureuse d’un lieu réservé au plaisir) et psychiquement, et concomitant : « l’éclatement » entre deux pulsions : je retiens, je me sépare
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Pour mieux comprendre nous allons voir l’impact du psychisme maternel sur les « somatisations » de la grossesse.
Magali me fut adressée à 36 semaines avec le diagnostic suivant « paroi utérine trop tonique pour la perception des mouvements fœtaux », ce qui d’ailleurs ne semblait pas trop la gêner : l’enfant était voulu, mais la grossesse vécue comme un handicap : « je préfère l’oublier, j’ai trop vu ma mère se traîner ! » disait-
« Je ne resterai pas longtemps comme ça », me dit-
« Ma fille » ou « mon fils » ou « mon bébé » vont apparaître à différents âges de la grossesse selon les femmes. Ils sont synonyme d’attachement, la clef de voûte de la fonction maternelle. C’est l’enfant qui fait la mère, nous allons voir comment.
5) Les interactions materno- foetales « l’activateur »
Les travaux sur la sensorialité fœtale et notamment la mémorisation montrent que l’enfant est un être « percevant » (11). Ainsi à la naissance le bébé fait la différence entre l’odeur de sa mère et celle d’une autre femme. Il a été possible de démontrer ses capacités de mémorisation lors d’une séquence lue ou chantée par la mère.
Le remarquable travail de Marie Claire Busnel (12) sur la variabilité du rythme cardiaque fœtal en fonction des émotions et du ressenti maternel (variabilité identique avant et après la Naissance), outre l’intérêt scientifique, induit au respect devant l’unité émotionnelle mère-
Les connaissances de ces travaux et (ou) une réelle intuition font que les jeunes mères actuellement, de plus en plus souvent interagissent spontanément avec leur bébé par un certain toucher auquel le fœtus répond.
Véritable activateur de l’attachement, le bébé accompagne sa mère somatiquement (le mouvement) à franchir en elle même le passage « à devenir mère de cet enfant là ».
Dans mon observation, des mères se sont dites « interpellées par l’enfant »: « il a frappé, régulièrement et très fort à un endroit précis… j’ai tapé aussi, il est venu se mettre sous ma main ». D’autres vont solliciter elles même : le secret c’est d’être sûre que le bébé va répondre... Le franchissement psychique se fait à différents âges de la grossesse : on observe un premier passage très important au début du 9ème mois. L’expérience m’a montré que ce passage est capital car il facilite l’accouchement qui en est « la somatisation ».
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« L’enfant merveilleux » décrit en psychanalyse qui donne, je pense la force de vivre la traversée des neuf mois et celle de l’accouchement ne sera pas abordé, dans cette étude… En effet, nous l’imaginons, en sophro, d’une façon tout à fait non directive : la mère se voit dans sa relation avec lui, à différents âges de l’enfance, tout en le sentant « in utero ». C’est ce qui permet la mise en relation précoce, tout en ne perdant pas la notion de confrontation au réel… Les futures mères apprennent à identifier leurs fantasmes, spontanément ne lui donnent pas de visage précis, mais se laissent envahir par l’émotion de la rencontre…
6) Le travail du père
Ce qui gêne beaucoup les futurs pères dans leur accès à la parentalité, c’est justement que leur corps ne peut pas « mémoriser » la présence de l’enfant : « nous, on ne le sent pas, vous comprenez » !
Cependant, sans bouleversement hormonal, ils vont faire un vrai travail psychique tout à fait analogue à celui de la future mère. Certains mettent en place leur « devenir père » avant la naissance et interagissent avec l’enfant, ce qui a un effet sécurisant pour la future mère… D’autres, incapables de conscientiser auront besoin de « voir » le bébé pour se sentir père…
Le rôle du père pendant la grossesse est éminemment important. Il fait partie intégrante de la Préparation Globale. Dans le meilleur des cas, il devient le « contenant » de la dyade mère fœtus.
7) Cas cliniques
Ils illustrent bien les somatisations de la grossesse psychique. Françoise me fut adressée à 27 semaines par son médecin à bout d’arguments thérapeutiques face aux bronchites, gastro-
J’attirai son attention sur le phénomène de répétition qui la laissa très surprise. Je suggérai un programme inconscient de réparation comme si elle fabriquait la même histoire mais en la réparant :
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A l’issue du premier entretien Françoise se dit épuisée et dormit toute la nuit… Les troubles disparurent après quelques consultations. Elle intégra un groupe de préparation et accoucha très vite de sa petite « Fleur » !…
A 32 semaines, Nathalie allait être hospitalisée pour une MAP associée à un retard de croissance intra-
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Puis l’entretien mit à jour l’abandon de la mère de Nathalie par sa propre mère, pour d’autres raisons.
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Éclairer ainsi sur les modes de fonctionnement de l’inconscient adoucit les blessures et, ici « pansait » la culpabilité. Il n’y eut pas de tocolyse, les contractions s’arrêtant spontanément mais c’est en hospitalisation que je la suivis, le RCIU persistant malgré la thérapie et la préparation. Elle accoucha facilement à 39 semaines :
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CONCLUSION
Nous voyons à quel point la grossesse peut être un remaniement psychique important, et spontanément, ou « accompagnée », un facteur de croissance pour la mère qui peut dépasser et transformer grâce à l’attachement progressif au bébé, les schémas négatifs du passé. Cependant actuellement, en axant la surveillance de la grossesse sur la « normalité » du fœtus (clarté nuquale, triple test, l’échographie de la 22ème semaine, pratiquement reconduite à la 30ème semaine) on oriente plutôt l’inconscient vers le doute : « je ne sais pas si je serai capable d’être mère, je suis très inquiète… alors j’ai peur d’accoucher ! ».
En inquiétant les mères, on les pousse vers l’accouchement surmédicalisé, avec toutes ses conséquences possibles. En inquiétant les mères, on crée un stress chez le fœtus.
Des recherches récentes interpellent sur le vécu de l’enfant in utero. Par exemple, Stéfania Maccari de l’INSERM de Bordeaux, au terme de recherches faites sur l’animal, confirme des observations assez semblables faites sur l’homme : « il y a des effets à long terme d’un stress prénatal : dépression, troubles du sommeil, grande émotivité. En changeant l’environnement prénatal d’un individu, on change son comportement pour la vie ». (13)
L’intérêt de savoir tout cela, étant donné le stress maternel actuel, est la prévention de la pathologie de la grossesse et des troubles relationnels mère-
BIBLIOGRAPHIE
1. Progrès en Néo-
2. « Le bébé et sa mère » D.W. WINNICOTT(1896-
3. La « Dette de vie », Monique BYDLOWSKI, Éditions PUF 1997.
4. « Le Mystère des Mères », Anne BERGERET-
5. « La préparation Globale », Marie-
6. JUNG : Psychiatre et psychanalyste, élève de Freud jusqu’en 1914. A partir de lui se créé le courant psychanalytique Junglien.
7. « Aie nos aïeux », Anne ANCELIN SCHUTZEN-
8. « Troubles relationnels Père / Mère / Bébé : quels soins ? », Actes du congrès de l’ARIP 1996, Éditions ERES, page 24.
9. « Devenir Père. Devenir Mère », Actes du congrès de l’ARIP 1998, Éditions ERES, page 55.
10. « La dynamique gravidique », Claude-
11. « Bases fondamentales de la maternité physique », Pr. Jean-
12. Chercheur à l’Université Paris II, Membre du C.A. de « La cause des bébés », (Présidente Myriam SETCER).
13. Congrès de néonatologie Port Royal 1998 Science et Avenir n° 614, Avril 1998, Page 41.